Un Metavers vu par l’éditeur de jeux vidéos éthique PowerZ

Oui au Metavers, Non à META

Caroline Isautier

--

Pour un univers virtuel désordonné, humanisé, multi-culturel, démocratique et en phase avec la nature

Ce texte fut inspiré par un texte en anglais d’ Antoine Valot daté du 16 octobre 2022.

Le Metavers ne doit pas être Inhumain

Oui, nous pouvons développer un Metavers, un monde en réalité virtuelle, mais sans laisser Meta le dominer.

Maintenant que la réalité virtuelle (dite “VR” pour Virtual Reality) semble prête à se généraliser, Mark Zuckerberg tente d’ en avoir le monopole, à grand renfort de relations publiques. Voilà pourquoi il a rebaptisé Facebook “Meta”, après s’est approprié le nom “Metaverse” du roman “Snow Crash” de Neal Stephenson et pourquoi les journalistes et hauts dirigeants en quête de légitimité numérique ânonnent ce terme depuis 18 mois.

Le Metavers de Meta Envahit les Médias

Le groupe diffuse par ailleurs des publicités sans inspiration et sans intérêt comme celle-ci :

Ce n’est pas vraiment de la VR. De plus, cette publicité de Meta dépeint un usage à mauvais escient, qui abrutit l’enseignement dans un scénario ridicule. © Meta

Comme pour tout ce qui a trait aux nouvelles technologies, les réactions du public sont viscérales, et beaucoup sont négatives, à juste titre. Elles sont souvent rejetées comme étant mal informées et irréfléchies, mais elles sont les symptômes d’une profonde dissonance cognitive. La réalité virtuelle d’aujourd’hui est un échec.

La réalité virtuelle, telle qu’elle a été conçue et mise en œuvre jusqu’à présent, manque sérieusement d’humanité, de chaleur, de cran, de nuances, de moralité et de sensualité. C’est un univers d’Asperger, en grande partie purgé des éléments humains et naturels, et manquant cruellement de culture et de style.

Conçu comme un monde alternatif à la réalité, comme un échappatoire à celle-ci, ce monde virtuel est mal conçu, inhumain et dangereux.

Une Meilleure Vision du Metavers

La vision que nous pourrions et devrions poursuivre est celle qui place les humains au centre, non pas en tant qu’individus isolés, mais en tant que groupes, équipes, cultures, tribus, sociétés, et ami(e)s.

Nous voulons un univers virtuel qui soit désordonné, humanisé, multi-culturel, démocratique et inspiré par la nature.

Un Metavers qui Reflète une Réalité Désordonnée :

Nous voulons un univers virtuel qui permette l’épanouissement du désordre et de l’ingéniosité humains.

Pas des outils qui enseignent une vulgarisation de la réalité à l’emporte-pièce, mais des outils qui vous plongent les mains dans la graisse de l’essieu et vous permettent d’interagir avec la complexité totale de la réalité afin que vous puissiez bricoler, essayer et apprendre par expérience directe.

Le faux globe violet de Meta dans une bulle amène à assimiler des idées fausses et simplistes sur la biologie cellulaire, et fait passer à côté de la nature sublime et complexe des cellules, qui, de ce fait, est également riche en possibilités et en opportunités. Si nous laissons les enfants jouer avec de vraies cellules, ils finiront par trouver le remède au cancer.

Un Metavers qui Reflète Une Réalité Peuplée d’Interactions Humaines :

Nous voulons un univers virtuel plein de frictions et d’effervescence interpersonnelles.

Nous ne voulons pas que chacun d’entre nous reste seul dans son manoir virtuel, consommant des ersatz d’interaction humaine toute la journée pour compenser le fait d’être privé de contact réel, comme trop d’entre nous le font aujourd’hui avec Facebook, Instagram et WhatsApp.

Nous voulons un univers virtuel qui s’inspire davantage du mode de vie tout sauf nord-américain : un mode virtuel avec des espaces publics que nous partageons avec des inconnus, qu’ils soient du même avis que nous ou pas. Nous voulons participer à l’émotion exaltante que procure le fait de faire partie d’une foule où chacun a un sentiment d’appartenance.

Nous voulons également profiter des surprises que nous réserve le fait d’être accostés par des inconnus qui nous posent des questions , de signaler, de négocier et de discuter nos limites afin de créer et de maintenir, ensemble, les règles non écrites, changeantes et pourtant riches en empathie de la vie en commun : la politesse, les bonnes manières, le respect d’autrui.

Nous voulons même autoriser, dans la limite du raisonnable, les formes légères d’agression qui donnent également l’occasion aux étrangers de nous venir en aide, de se liguer contre l’agresseur, de démontrer que nous sommes tous derrière nous. Il nous faut par contre légiférer pour que ces agressions soient tout aussi régulées qu’elles le sont dans le monde physique.

Un Metavers qui Reflète Notre Diversité Culturelle :

Nous voulons d’un univers virtuel qui célèbre et approfondisse les cultures existantes et diverses.

Nous ne voulons pas de modes d’interaction définis par des jeunes de 22 ans de la Silicon Valley, la communauté la plus stérile culturellement de l’hémisphère nord. Nous ne voulons pas calquer le mode de vie écœurant des privilégiés de l’Amérique, même agrémenté de yoga, comme modèle à suivre.

Nous voulons de la poésie. Nous voulons de la beauté. Nous voulons avoir des âmes. Nous voulons être contradictoires. Nous voulons des arbres et de la terre. Nous voulons des pouvoirs surnaturels, qui restent exceptionnels, et non être des surhommes dopés. Nous voulons de la magie. Nous voulons nous souvenir de nos ancêtres.

Si nous développons des univers virtuels utiles, nous aurons une occasion unique de voir les innombrables façons dont nous vivons tous, la complexité des autres cultures.

Un univers virtuel peut nous donner l’accès à des expériences de vie dans des mondes régis par des règles très différentes de celles que l’on connaît personnellement. Une opportunité qui est aujourd’hui réservée aux globetrotteuses comme moi, et encore, seulement à celles et ceux qui choisissent d’embrasser leurs pays d’adoption.

La bouillie culturelle appauvrie et aqueuse de la Silicon Valley du 21e siècle offre un point de vue. Des milliers d’autres appartiennent également à l’univers virtuel.

Un Metavers avec Un Dialogue Démocratique :

Nous voulons mettre en tension créative les libertés individuelles et l’interdépendance mutuelle, la puissance du pouvoir et la responsabilité, et de l’expression de soi face à la compassion pour les autres.

Nous ne voulons pas du rêve robotique de régne sans partage sur un monde factice où rien ne vit vraiment. Nous ne voulons pas d’une camisole de force virtuelle qui contrôle nos comportements pour monétiser notre attention, nous isoler et maximiser notre consommation.

Nous voulons de l‘éthique’. Nous voulons que la douleur fasse mal, nous voulons que tuer soit mal, nous voulons que nos choix aient des conséquences, nous voulons que les actes injustes soient punis.

Nous voulons aussi la révolution. Nous voulons de l’agitation. Nous voulons que la vérité soit dite au pouvoir, ou criée, ou jetée à la figure. Nous voulons explorer toutes les facettes de la notion d’équité : L’équité des opportunités, des ressources, des résultats…

Nous voulons que le bien commun limite la cupidité, un peu, beaucoup, trop, pas assez. Nous voulons tester les utopies et les démystifier. Les dystopies aussi. Nous voulons prendre des risques, mais aussi protéger les faibles et les innocents.

Un Métavers Inspiré par La Nature :

Nous voulons un univers virtuel où nous augmentons la richesse et la vitalité du monde réel dont nous devons prendre soin et que nous devons entretenir, au lieu de nous en cacher.

Nous ne voulons pas inscrire dans la virtualité le système qui détruit non seulement l’avenir de nos enfants, mais aussi le nôtre. Nous ne voulons pas utiliser un univers virtuel pour maintenir l’idéologie ratée de l’exploitation extractive de la planète. Nous ne voulons pas aller en ligne pour prétendre que cette façon de vivre fonctionne encore.

Au lieu de cela, nous voulons visualiser le monde dont nous avons besoin : Un endroit où nos modes de vie sont durables et en harmonie avec le pouls de la Terre. Des villes denses où tout se trouve à une courte distance à pied ou à vélo, ou encore accessible via des transports collectifs efficaces. Où les trains, bus et métros sont confortables et sûrs et la voiture a une place respectueuse des humains. Des espaces de vie conçus pour une chaleur passive et une faible consommation d’énergie. Où les matériaux sont réparés et réutilisés, et pas seulement recyclés. Où les activités et les objets à forte consommation d’énergie sont partagés et entretenus par la communauté. Où nous cultivons avec diversité, où nous gaspillons peu, où nous n’en appelons pas aux hydrocarbures pour résoudre tous nos problèmes.

Et surtout, où nous ne créons pas artificiellement un désir vide pour des choses dont nous n’avons pas besoin et un préjugé culturel qui assimile le succès à l’excès. (Suis mon regard, Elon). Nous voulons un univers virtuel où nous apprécions et valorisons le temps passé avec les autres, le temps passé utile à nous-mêmes et à d’autres, le temps passé dans la joie, au lieu du temps passé dans la peur, la haine et la cupidité.

Un Métavers Guidé par Tous, Pas par META

Meta n’est pas la bonne entreprise pour concrétiser cette vision. Pourquoi ? Parce que Mark Zuckerberg est une personne cynique et sans éthique, qui a construit une entreprise prédatrice, à son image. L’intelligentsia politico-économique de l’Ouest se laisse encore souvent bercer ( berner?) par les sirènes de Meta et ses alliés intéressés ( capitaux risqueurs et cabinets de conseil), au nom de l’ “Innovation Technologique”, devenue une valeur positive en tant que telle. Mais Meta contribue à la faillite des démocraties occidentales. C’est un monstre qu’il faut combattre à chaque instant.

Heureusement, le champs est ouvert. Comme aux premiers jours du web, les premiers jours de la réalité virtuelle sont riches en possibilités. Tout le monde peut construire un univers virtuel, et tout le monde devrait le faire. Des acteurs comme l’éditeur Powerz en France et l’agence Sandbox au Québec créent des métavers attrayants inspirés par des modèles culturels autres que techno-distopyque.

Il serait bon que l’intelligentsia politico-médiatico-économique aie un regard critique sur les communiqués de presse de Meta and Co et s’interroge sur la gestation du Metavers comme le fait ici Québec Science dans cet article: Une Vision du Métavers.

Partiellement traduit avec l’aide du merveilleux www.DeepL.com/Translator .

--

--

Caroline Isautier

From Digital Marketing to Digital Well Being. Tech for Good. / Pro du marketing digital passée à la Tech4Good. TechforGoodCanada.com